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de l’y trouver, elle avait averti ses amies.

Conduirait-on Armelle dans ce lieu artistique ?

— Pourquoi pas ? trancha Cécile.

Nous n’avons aucune responsabilité dans ce plan. Tout le monde peut aller dans un musée et, s’il y a là un jeune homme qui peint, ce n’est nullement en dehors des incidents naturels nous n’avons plus d’illusions sur cet Émile Gatolat. Il est charmant, correct, mais inaccessible.

— C’est exact.

Armelle était contente de revoir ses amies, et elle les accueillit avec gaîté.

Mlle de Saint-Armel aînée, en les voyant toutes les quatre st réservées, de si bonne tenue, pensa qu’elle pourrait ne pas les accompagner. Elle désirait aller écouter une instruction religieuse, et elle les laissa partir ensemble.

Pour la première fois de sa vie, la jeune fille était dans la rue sans sa tante ou son oncle. Elle en éprouva d’abord une gêne. Le pas de ses compagnes était rapide, tandis que celui de sa tante, un peu lourd, l’obligeait à modérer le sien.

Elle s’habitua vite à cette liberté, et une sensation de soulagement l’allégea. Elle cédait toujours à sa parente sous quelque forme que ce fût, et, aujourd’hui, par miracle, elle était l’égale. Il y avait même, de la part de ses amies, un soupçon de déférence à laquelle elle n’était pas habituée. Cela l’embarrassait un peu et sa charmante nature essayait de le faire oublier.

Il lui semblait qu’elle se développait, comme se déplient les pétales d’une fleur dans l’atmosphère qui lui convient.