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AUTOUR D’UN CANDIDAT

il se peut aussi qu’elle s’ennuie et elle remplit le vide de son château…

Mme Lydin eut un ton amer pour prononcer ces paroles. Elle avait une propension à trouver que la vie lui était cruelle. Le vilain péché d’envie la visitait de temps en temps, bien qu’elle s’en repentît ; elle se croyait propre à devenir la plus impeccable châtelaine du monde si elle avait seulement eu quelque château à sa disposition.

Elle trouvait que les de Fèvres étaient trop riches et qu’elle ne l’était pas assez.

Elle poussa un soupir devant ces destins irrémédiables et se dit qu’il fallait accepter sans trop de retours sur soi les choses agréables qui survenaient. Elle essayerait de profiter de son mieux de cette hospitalité. Jeanne, si désintéressée, comprendrait peut-être son cœur de mère et compléterait-elle, dans un élan, la dot d’Isabelle.

Le mariage de sa fille était son angoisse secrète. Sa nature, légèrement orgueilleuse, souffrait de cette malchance qui s’acharnait. Après avoir fait d’elle une veuve prématurée, elle la poursuivait dans sa fille qui manquait avec une insouciance impardonnable des partis avantageux.

Isabelle riait. Avec une insouciance et une philosophie qui paraissaient déconcertantes à sa mère, elle ne songeait pas à son avenir.

Prenant le jour comme il venait, elle ne comprenait pas le besoin d’intriguer. Elle voulait bien se marier, mais si cela ne présentait aucun effort. Qu’un bon garçon se présentât, elle était prête à l’accepter, mais elle ne consentait à aucun travail d’approche.