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AUTOUR D’UN CANDIDAT

moi… Mais ne me prenez pas pour une écervelée parce que j’aime rire…

— Dieu m’en garde !… Vous devez savoir être grave… Le rire est bon, et s’il est gênant parfois, il est agréable et commode bien souvent…

— Gênant… pourquoi ?

— Eh bien ! supposez qu’un timide jeune homme désire épouser une jeune fille rieuse et qu’il le lui déclare après bien des hésitations… Vous voyez d’ici sa déconvenue si elle répond par un clair éclat de rire aux phrases péniblement rassemblées du malheureux…

— Oh ! je vois d’ici la figure du pauvre garçon !… avouez qu’elle ne manquerait pas de comique.

— Vous ne pensez pas à sa déception… lui qui attendait tremblant son arrêt ?

— Mais, parfaitement, je me l’imagine fort bien, répliqua Isabelle gaiement… Il aurait les yeux écarquillés et la main sur son cœur…

— Comme ceci ?… interrompit Marcel en prenant la pose plaisamment.

— Tout à fait… c’est d’un drôle achevé !… ah !… vous me faites rire aux larmes…

Isabelle, en effet, était prise d’un rire inextinguible, alors que Marcel, tenant toujours la main sur son cœur, restait figé dans la même attitude.

La jeune fille se sauva, le laissant seul, et elle se heurta à sa mère qui venait à sa recherche. Mme Lydin avait vu la scène de loin, et elle questionna sa fille en l’entraînant loin du kiosque :

— Marcel te faisait une demande en mariage ?