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AUTOUR D’UN CANDIDAT

se repentir, après coup, d’un choix fâcheux.

Enfin, au bout de quelques jours de méditation, Mme de Fèvres jeta son dévolu sur un jeune avocat parisien de leurs amis.

Il savait parler, ne manquait pas d’éloquence, et semblait persuasif. Son physique était agréable et ses principes n’étaient pas sujets à fluctuation. Il saurait donner un exemple communicatif à ses électeurs.

Il s’appelait Marcel Gémy, comptait trente-deux printemps, possédait une fortune honorable et vivait avec sa mère qui était veuve d’officier.

Mme de Fèvres ne cachait pas sa joie et laissait son mari en repos.

— Plus je creuse cette idée, disait-elle, plus je crois que Marcel doit être notre candidat. C’est l’homme qu’il faut. Grâce à nous, son avenir est clair, il deviendra ministre.

— Attendons qu’il soit député !

— Tu as raison… Pourvu que ton père ne découvre aucun inconvénient à notre décision !

Mme de Fèvres alla trouver son mari qui arpentait la terrasse de son domaine, les mains dans les poches et la pipe aux lèvres.

— Amédée, j’ai à vous parler.

— L’audience est ouverte… Parlez, ma chère amie…

— Puisque vous ne voulez rien tenter pour les destinées de votre pays, je vous ai choisi un remplaçant.

— Quoi ! vous voulez divorcer ?

— Ne dites pas de gros mots, Monsieur ! Vous savez, comme moi, que nos principes nous interdisent les termes actuels. Nous sommes mariés depuis trente-cinq ans et nous