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AUTOUR D’UN CANDIDAT

y resterons aussi longtemps que Dieu voudra bien nous laisser sur terre.

— Je respire, mais votre exorde étant plein de menace, j’ai cru…

— Le moment est sérieux, interrompit Mme de Fèvres avec dignité, je vais vous parler politique.

— Seigneur, ayez pitié de moi !

— Il y aura ici, annonça la châtelaine sans daigner s’apercevoir de cette exclamation peu charitable, un candidat qui sera le mien, le nôtre par conséquent. Je vous serais obligée de ne pas contrecarrer nos intentions qui sont en vue du salut de tous.

M. de Fèvres savait qu’on ne pouvait déraciner une idée du cerveau de sa femme, surtout quand elle l’estimait juste.

Il répliqua donc d’une voix sage :

— Je resterai neutre… et puis-je savoir quel est le malheureux qui…

— Ce sera Marcel Gémy.

— Quoi, ce cher bon garçon ?… Je ne le savais pas aussi militant. Je me figurais qu’il me ressemblait. À qui se fier ! Lui qui me racontait que de lutter même contre un réquisitoire le plongeait dans le marasme. Ah bien, c’est une surprise. Quand on a du mal pour défendre un individu, comment vouloir prendre la défense d’un pays ! Eh ! ce petit Marcel ! Il vous a écrit ?

— Non… C’est Jeanne et moi qui l’avons choisi… c’est notre candidat.

— Cela change ! Il ne sait pas ce que l’on projette contre lui. Et vous venez me demander mon avis ? vous êtes bien aimable, ma chère. Faites donc comme vous l’entendrez. Je vous