Page:Fiel - Cinéma! Cinéma!, 1953.pdf/110

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
108
cinéma !… cinéma !…

— Oh ! caprice…

— Oui, et je le maintiens !

— Ce sera comme tu voudras, maman.

Claudine sortait excédée de ces scènes. Elle parlait à peine, de façon à ne pas donner prise aux critiques de sa mère. Celle-ci était surtout acerbe quand elle voyait les dames Hervé. Si la jeune femme persistait à donner raison à Claudine, sa mère, d’accord avec Mme Nitol, déplorait la décision de la jeune fille.

Ainsi s’écoula le mois de mars avec ses giboulées et son grésil. Claudine aspirait au printemps, pensant que les esprits s’adouciraient avec les rayons de soleil.

Enfin, avril vint et les frimas disparurent, pendant quelques jours au moins. L’âme de la jeune fille se rasséréna.

Comme elle partait, un après-midi, pour son travail, elle eut une surprise en se trouvant inopinément en face de Jacques Laroste.

Le sang afflua à son cœur.

— Oh ! petite Claudine ! Quelle joie de vous rencontrer ! Allez-vous bien ? Vous ne fréquentez plus le cinéma ?

— Non, murmura Claudine presque bas ; depuis la mort de mon frère, je n’y vais plus. Il me perdait, je ne vivais plus dans la réalité.

— Ainsi vous êtes devenue si raisonnable, et vous avez perdu votre frère ? Je vous plains, et surtout vos parents.

— Ne nous plaignez pas ! s’écria Claudine d’un accent pathétique. Mon frère devenait un martyre pour nous avec ses idées de grandeur puisées au cinéma.

Laroste, voyant l’excitation de Claudine, changea de conversation en disant :

— Je sais que vous allez vous marier. J’ai vu votre fiancé et, me parlant de M. Nitol pour affaires, il l’a nommé son futur beau-père. Comme le monde est