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CINÉMA !… CINÉMA !…

sans doute mariés sans que le film le relatât. On y perdait la vue d’une cérémonie avec belles toilettes, mais il y en avait tant d’autres jolies, qu’on pouvait se passer de celles-là.

En sortant de la salle, Claudine était tout étourdie. Ce film la laissait rêveuse et toute en dehors de la vie habituelle. Comment pouvait-il y avoir de ces créatures privilégiées qui paraissaient ne pas faire œuvre de leurs dix doigts et qui menaient des jours fastueux ?

Elle rentra toute songeuse chez elle et trouva ses parents attendant leurs enfants dans une pièce dénommée salon. Ils étaient installés dans des fauteuils confortables, hérités de leurs grands-parents, et ils devisaient gaîment, comme des gens à la conscience irréprochable.

M. Nitol était dans un ministère et ne connaissait que son devoir. Il était digne et respirait la bonté. Il croyait, l’excellent père, que ses enfants étaient bien élevés. À la vérité sa femme ne négligeait pas de leur inculquer les meilleurs principes, mais le vent de la révolte et de l’indépendance soufflait avec une telle violence dans les âmes jeunes que nulle leçon ne pouvait germer.

En entrant, Claudine s’écria :

— Bonsoir, p’pa ! Bonsoir, m’man ! Vous n’avez pas l’air de vous amuser !

— Bonsoir, petite ! On ne s’amuse pas : on se repose, et cela fait grand bien. Et toi, qu’as-tu fabriqué ? Tu as une bien jolie robe.

— Ça ? Une loque, oui !

— Peste ! Mademoiselle est difficile !

— Ah ! p’pa, si tu voyais ce que je vois !

— Oui, au cinéma, des toilettes truquées.

Claudine éclata de rire.

— Oh ! mon naïf papa !… Les décors sont truqués, mais pas les robes !

— Alors, elles coûtent cher ! Et puis, ma petite