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CINÉMA !… CINÉMA !…

rieurs de maison que j’admire, les meubles, les tentures, tout cela est si bien arrangé ! Ah ! me voir dans un cadre pareil !

— Ma fille, il faudra que tu trouves un mari riche, et, simple ouvrière en robes comme tu l’es, ce sera difficile !

— Et toi, crois-tu que quand tu auras ton bachot, tu pourras faire des croisières sur ton yacht ?

— Je me débrouillerai, ma fille. À quoi sert un pauvre bachot, par le temps actuel ?

Le frère et la sœur se turent pendant un moment. Des visions de luxe rendaient leurs regards hallucinés, et chacun se posait le même problème ? Comment acquérir ces facilités de vie ?

Le lendemain, chacun reprit, l’un le chemin de son collège, l’autre celui de son atelier, chez la couturière Mme Herminie.

En arrivant, Claudine jeta sa jaquette sur le dos d’une chaise, avec un grand dédain. Elle imitait le geste d’une star, mais elle était obligée de se contenter d’une chaise comme valet de pied.

— Que se passe-t-il, petite Claudine ? demanda la patronne, qui était maternelle.

— Rien, répondit la jeune fille, ennuyée parce qu’elle trouvait tout insipide, les gens et les choses.

Elle se désolait de venir s’astreindre à un travail forcé, alors que les belles dames du cinéma étaient inoccupées. Comment parvenir aux gestes élégants, d’une nonchalance distinguée, alors qu’il faut tirer l’aiguille et écouter les racontars ineptes de la « première » ?

Ces femmes ne s’assimilaient donc pas les belles manières du cinéma ?

À mesure que la semaine s’écoulait, Claudine devenait plus sereine, parce que le dimanche approchait où elle retournerait dans l’ambiance aimée.

Le samedi, elle eut la surprise de se savoir invitée