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cinéma !… cinéma !…

Le film finissait. Elle se leva dans le brouhaha des fauteuils dont les sièges claquaient en se redressant, dans le bruit des voix qui, tout haut, traduisaient des impressions. Elle s’en allait comme une hallucinée, poursuivie par la vision du spectacle. À dire vrai, sa volonté devenait inexistante quand elle sortait de ces séances.

Elle n’éprouvait plus qu’un désir : celui de reprendre un de ces sièges et d’y attendre la prochaine projection.

Elle frissonnait d’avoir à retrouver la vie réelle, alors qu’elle était conduite par le fantôme de l’illu­sion, mais celui-là, elle ne pouvait pas le retenir ; c’était au contraire la médiocrité qui l’enserrait sans qu’elle pût la repousser.

— Qu’avez-vous, petite amie ?

C’était la voix de son voisin qui marchait près d’elle sans qu’elle y prêtât attention.

Elle tressaillit à sa question et le regarda, la dé­tresse dans les yeux. Elle murmura :

— Je suis bien malheureuse.

— Pauvre petite ! C’est votre imagination qui vous rend malheureuse, parce que vous désirez trop de choses de la vie. Dites-vous bien que le cinéma n’est que mirage que l’on doit regarder avec sang-froid. Acceptez la vie plus philosophiquement.

Claudine ne répondit pas. Elle marchait à pas lents derrière la foule, indifférente à ce qui se passait au­tour d’elle. Son visage était crispé par les pensées qu’elle ne pouvait éloigner.

Bien que son inconnu l’invitât à prendre une tasse de thé, elle refusa, pressée de rentrer. Devant son refus, il lui dit :

— Je voudrais vous revoir dans votre jolie toilette. Me feriez-vous l’honneur de venir chez moi ? J’aurai quelques amis. Je tiens beaucoup à ce que l’on vous admire.

Claudine témoigna d’un peu de surprise. Cette in­-