— Oh ! Ciel ! s’écria Mme Nitol, prête à défaillir.
— C’est un garçon qui n’avait pas de sens pratique.
— Il manquait surtout de bons conseils et de religion, dit sévèrement Mme Nitol, en regardant son fils. Voilà un enfant qui était tout le temps fourré au cinéma, au lieu de travailler. Il s’est mis tant de billevesées dans la tête qu’il a dû devenir un peu fou. Je plains les malheureux parents !
M. Nitol, qui suivait son idée, demanda :
— Et ton baccalauréat ?
— À quoi me servirait-il en ces temps où seul le commerce vaut quelque chose ?
— J’eusse aimé te voir ce diplôme.
— Je préfère gagner ma vie.
Mme Nitol n’intervint pas. Ses enfants la dépassaient et elle remarquait qu’elle avait de moins en moins d’influence sur eux. Elle avait essayé de tous les moyens pour les maintenir dans le chemin des idées droites et saines, mais elle sentait qu’ils lui échappaient. Maxime avait dix-sept ans et voulait son indépendance. On ne pouvait guère s’y opposer, puisque tant de garçons agissaient de même quand ils n’avaient pas un goût prononcé pour de hautes études.
Perdre du temps n’était plus de saison, disaient-ils. Si elle se consolait facilement de la direction prise par Maxime, elle s’inquiétait davantage de Claudine.
Elle ne lui trouvait plus cet air insouciant et rieur auquel elle était accoutumée. Des ombres passaient sur ce jeune visage, et elle se demandait ce qui pouvait l’assombrir ainsi par moments.
M. Nitol, toujours obsédé par son fils, demanda brusquement :
— Il est sérieux, ce M. Albert ? Tu crois pouvoir faire une carrière avec lui ?
— À coup sûr ! répliqua Maxime avec feu.
— Enfin ! si tu as confiance…