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cinéma !… cinéma !…

— Quelle histoire ! Je n’en ai pas entendu le pre­mier mot ! Votre Claudine vous a mystifiée, chère Ma­dame. Elle a dû aller se promener avec des amis et absorber quelques coktails !

— Il paraît que c’est du champagne qu’elle a bu.

— Ah ! vous pensez bien que nous n’avons pas le moyen de nous payer du champagne, au prix où il est !

La pauvre Mme Nitol ne disait plus rien ; elle était effondrée. Quels secrets lui cachait sa fille ? L’ou­vrière dit encore d’un ton sévère :

— Claudine va un peu trop au cinéma, cela lui tourne la tête. Elle nous raconte les films qu’elle voit, avec une envie, un enthousiasme qui la feront dé­railler. Il faut avoir le cerveau solide pour aller au cinéma impunément ! Si elle ne voyait encore que de bons films ! mais ceux qui la captivent sont ceux où le laisser-aller est funeste. Quand elle sort de ces séances, comment voudriez-vous qu’elle trouve de l’attrait à la vie familiale ?

Mme Nitol approuvait intérieurement celle qui lui parlait si sagement, mais il lui était dur de donner raison à l’ouvrière qui se permettait cette leçon.

La jeune fille s’en alla sans en dire davantage, et Mme Nitol, accablée, attendit le réveil de Claudine.

Cette dernière s’habillait, les voix de sa mère et de sa visiteuse l’ayant tirée du sommeil.

Elle arriva dans la salle à manger où sa mère dres­sait le couvert.

— Qui est-ce qui est venu ?

— Une de tes camarades de couture.

Claudine était blême et ne put pâlir davantage.

Elle sentit la catastrophe qui fonçait sur elle et attendit.

— Peux-tu me dire la vérité et m’avouer où tu as bu du champagne, hier après midi ?

— Ne sois pas inquiète, m’man ! Je suis allée avec des amies que tu ne connais pas, et nous avons été