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pensation équivalente, elle peut en effet ressentir parfois des instants d’humiliation.

— Cela se voit.

— Mais il y a les autres ! Il ne faut pas nous le dissimuler, ma chère amie, certaines femmes ont des prétentions désastreuses pour l’harmonie d’un ménage. Si on les épouse sans le sou, elles sont d’autant plus persuadées de leur beauté et de leurs talents extraordinaires et deviennent vite parfaitement insupportables.

Je protestai, mécontente :

— Vous abondez donc dans le sens de Gustave ?

— Je cherche simplement les motifs qui le poussent à bâtir de telles théories, corrigea doucement Pauline.

— Enfin, l’espoir ne m’est pas permis, concluai-je, et c’est tout ce qui ressort de ce coup de foudre.

— Pourquoi désespérer ? Qui sait ce que le destin nous réserve ? s’écria mon amie. Et puis, Ila, après tout, il n’y a pas que M. Gustave Chaplène au monde. Dieu merci !

Cette phrase ne m’apporta aucun réconfort, bien au contraire, et le lendemain, des idées si sombres tourbillonnaient dans ma cervelle que je me sentis le besoin de secouer mes nerfs en un exercice inaccoutumé. Je bondis sur Pauline à la sortie du bureau et je lui jetai à brûle-pourpoint :

— Si nous allions dans un dancing ?

— Oh ! quelle drôle d’idée !

— J’ai une envie folle de danser, et, de plus, je voudrais savoir ce qu’est un dancing.

— C’est un endroit où l’on danse…

— Merci !

— J’y suis allée avec mon fiancé et un cousin.

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