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— Nous reviendrons dès qu’elle commencera à tomber… En cette saison, les soirs sont longs…

Nous partîmes doucement. Nos premières paroles ne furent que des lieux communs et de banalités. Pourtant, sous ces propos superficiels, le désir d’un entretien plus sérieux se devinait. Nous étions, mon compagnon et moi, préoccupés par la manière d’aborder des sujets plus personnels. Ce fut moi qui attaquai :

— Vous habitez Lyon ?

— Oui…, rue de la République.

— Un peu bruyant, ce quartier.

— Peut-être, mais j’y suis habitué.

— Vous êtes dans les affaires ?

— Hélas !

— Pourquoi, hélas ? c’est intéressant.

— Certes, mais tellement harassant. Heureusement pour moi mon entreprise marche à merveille. C’est une fabrique de soierie. Il faut veiller à tant de choses, faire face à tant de surprises, contenter tant de gens, que l’on éprouve le besoin de s’évader de temps à autre et c’est pourquoi vous me voyez ici. Et, je ne suis pas encore seul directeur… Je dois compter avec mes associés, mes bailleurs de fonds. Je travaille d’arrache-pied pour être un jour mon seul maître. Je veux me faire un nom, une réputation d’homme d’affaires loyal, probe et… possédant de la surface. Ambition légitime, ne serait-ce que pour mes futurs enfants, ajouta-t-il avec un léger sourire.

Je restai silencieuse et un peu rouge, mais les ténèbres commençantes dissimulèrent mon trouble. René poursuivit :

— Car je veux me marier, mademoiselle.

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