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— C’est bien utile d’avoir des idées dans la vie ! s’exclama-t-elle.

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La nuit passa sur moi comme une onde bienfaisante. Au réveil, je me trouvai reposée, sans souci. Trois jours s’écoulèrent, trois beaux jours où je n’eus pas un regret, où ma joie, au contraire, s’affirmait comme un bien inattendu. J’étais reconnaissante à la Providence de m’avoir sauvée d’un malheur.

« Dorénavant, me disais-je, il faudra que j’observe une réserve plus stricte encore. Être seule dans la vie implique une prudence raisonnée ».

Un après-midi, alors que je prenais mon thé sous un beau parasol couleur orange, je tressaillis violemment en reconnaissant une silhouette déjà entrevue.

J’écarquillai les yeux.

Oui, c’était bien lui : Gustave Chaplène…

Que faisait-il à Aix ? Il ne paraissait pourtant pas souffrir de rhumatismes ?

Il passa devant moi et, sans savoir pourquoi, j’eus envie de me cacher. Mon cœur battait affreusement et il me semblait que cela se voyait autant que cela s’entendait.

Le regard de cet ingrat se posa un instant sur moi avec une totale indifférence. Je respirai mieux quand il se fut éloigné. C’était une impression ridicule, puisqu’il ne me connaissait pas. Mas le petit plan conçut par Pauline, les démarches de mon amie, le refus essuyé, tout surgit du fond de ma mémoire ; la blessure mal fermée se rouvrit et me fit souffrir et, plus que jamais, je regrettai ma conduite en cette occasion.

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