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Lyon pour affaires et l’on me fait entrevoir un départ pour l’Indochine. M’y suivriez-vous ? J’en doute… votre atavisme nordique y serait trop choqué ; en outre, vous détestez la chaleur… J’ai le cœur déchiré. »

Le bon apôtre ! Ce n’était pas mal trouvé, et il utilisait au mieux mon aversion pour les pays chauds. Je rendis justice à son esprit d’à-propos et fus heureuse de ce dénouement sans violence.

Je flânai dans une paresse nonchalante tout l’après-midi. Le sommeil qui m’avait fui la nuit précédente m’accablait maintenant ; maintenant que l’exaltation d’un avenir nouveau n’existait plus.

Il me semblait que la nature elle-même s’était transformée. Je la trouvais plus sérieuse, plus solide, si je puis ainsi dire.

Mon aventure s’était nouée si rapidement que j’avais tout entrevu en surface. Le paysage m’avait paru un décor de théâtre aux assises fragiles. Cette impression, née avec mes fiançailles « éclair », s’évanouissait avec elles. La fantasmagorie cédait le pas à la réalité. Je revenais à une plus juste conception des choses.

Je regagnai ma chambre de bonne heure, après un dîner sans histoire. Sidonie m’attendait et elle me dit tout de suite :

— Monsieur Déflet a quitté l’hôtel cet après-midi. Le chauffeur qui l’a conduit a raconté qu’il était de très mauvaise humeur.

— Je savais qu’il devait partir, répondis-je.

En quelques mots, j’expliquai à ma petite amie ce que j’avais fait et elle fut émerveillée par cette rupture à l’amiable.

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