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taire après votre travail de l’après-midi. Vous n’aimeriez pas danser ?

Oh ! que si ! j’aurais aimé. Mais je trouvais que le moment n’était pas encore venu. S’il s’était agi d’un indifférent, je me serais peut-être laissé tenter. Mais, avec « lui », je devais patienter. Je voulais, auparavant, connaître un peu ses sentiments. De plus, comme je prenais seule mes vacances, je préférais rester effacée pour ne pas prêter le flanc aux médisances. Je répondis donc avec gaieté :

— Je ne sais pas danser.

— C’est l’occasion d’apprendre.

— Je n’en vois pas la nécessité et puis, je ne dois pas oublier que je suis ici pour me soigner. Je ne dois pas fatiguer mon genou par un exercice inaccoutumé.

— Vous êtes la sagesse même.

— Et enfin, ma place n’est pas parmi toutes ces jolies mondaines.

— Vous y seriez on ne peut mieux ! protesta mon compagnon, avec feu.

Il me sembla que je gagnais un peu de terrain.

— Puisque vous désirez vous promener, permettez-vous que je vous accompagne ? reprit-il souriant.

— Si ma présence vous suffit…

— Votre présence m’est fort agréable.

Cependant, sous ces dehors aimables et badins, je devinais une préoccupation derrière le front de monsieur Chaplène. Il me semblait que cette proposition de promenade n’était pas le fait d’une décision spontanée, mais plutôt d’une résolution mûrie à l’avance.

Nous fîmes d’abord quelques pas dans un silence

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