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marthe fiel

core, nul succès. La pauvre mère revint chez elle dans une douloureuse émotion. Quand son mari rentra et qu’il apprit le drame, il alla, sans tarder, avertir la police pour qu’on l’aidât à retrouver son fils.

Les agents se mirent en branle.

À 21 heures, alors que les parents, anxieux et exténués d’avoir exploré les maisons voisines, étaient là, frémissants d’angoisse, la sonnette retentit, et sur le seuil de la porte, rapidement ouverte, se tenait Nil, sur l’épaule d’un égoutier.

— Bonjour tout le monde ! cria-t-il dans un langage nouveau qu’il venait d’apprendre.

— Ah !

La mère ne put que s’emparer de son fils et le couvrir de baisers.

— Où étais-tu, petit malheureux ? qu’as-tu fait ? tu t’es perdu ?

L’égoutier raconta :

— J’avons vu un p’tit môssieu qui me regardait travailler… Quand j’eus fini, je le voyais toujours. Je lui dis : T’es du quartier, mon bonhomme ? — Non. — D’où viens-tu ? — De la classe. — Alors, tu vas rentrer chez ta maman ? — Je me promène un peu… — Je trouvais ce p’tit môssieu bien habillé avec un air qui semblait me dire : « Ne me pose pas trop de questions. » J’étais embarrassé… Alors, je reprends : Ben moi, j’vas à la soupe. — Moi aussi. — Alors, bonsoir, que j’fais.

— J’vais avec toi. — Tu demeures donc de par chez moi ? — Non, mais j’ai faim et je veux aussi manger une soupe avant de rentrer. — Ça va, que j’dis…

« Nous partons. Il était dans les 6 heures. Aux premiers pas, j’avons deviné que le p’tiot était las. L’idée m’est venu qu’il s’était égaré. Je l’ai mis sur mon