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marthe fiel

Bien remercié, bien gratifié, l’égoutier s’en alla et Nil lui serra la main avec un air un peu protecteur qui tendait à signifier : Ne crois pas que je me sois perdu… je l’ai fait exprès pour voir des choses inconnues.

M. Bompel sortit avec le brave homme afin d’avertir la police qu’elle eût à cesser ses recherches.

— La police ? questionna Nil, c’est le commissaire avec ses agents ?…

— Oui, mon petit.

— Ils me cherchaient tous ? Comment faisaient-ils ? Ils avaient des lanternes ? Les gens ont pensé que c’était une retraite aux flambeaux !… Si j’avais su, je serais parti avec papa.

À partir de ce jour, Nil se jugea tout à fait grand.

Il avait été seul dans une rue lointaine et avait des relations inconnues de ses parents, ce qui lui donnait une supériorité. Il ne tarissait pas de détails sur cette aventure et racontait à sa mère tout ce qu’il avait vu.

De plus, le souvenir du repas qu’il avait fait le laissait plein de reconnaissance, et il disait :

« Il faudra absolument que tu viennes un jour avec moi, pour manger la soupe de ma bourgeoise… Puis tu verras aussi les grandes bottes de l’égoutier… Il les avait enlevées pour me reconduire… Il ne doit pas avoir froid aux pieds avec des bottes pareilles ! »

Désormais, Nil se crut tout à fait un homme d’importance. Moins que jamais, il ne voulait qu’on l’accompagnât. Il partait cependant avec son frère quand les heures de classe correspondaient, et l’on s’ingéniait pour le retour.

Un jour, il revint assez tôt et seul.