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marthe fiel

— Oui, mon chéri…

— J’ai un peu peur, maman… Si j’allais ne pas pouvoir ouvrir la bouche ?

— Mais si… tu pourras…

— Et si je commettais un péché mortel avant d’arriver à la table de communion ?

— Ce sera impossible, mon mignon…

— Pourquoi impossible ? Je puis dire un gros mensonge…

— Il ne faut pas penser à tout cela, mais t’habiller rapidement.

— Et déjeuner !

— Déjeuner ! À quoi songes-tu ?

— Oh ! pardon, maman ! Tu vois, j’allais commettre un gros péché ! Tu n’aurais pas été là, je mangeais mon chocolat !

— Oh ! non… il n’était pas prêt… et puis tu aurais réfléchi… Avant de toucher ta cuillère, ton ange gardien t’aurait averti…

Nil accepta ces paroles pleines de réconfort, mais il s’en voulait de cette malencontreuse étourderie, et il en était mortifié. Il se croyait indigne de la cérémonie à laquelle il s’était préparé avant tant de zèle. Il reconquit cependant sa tranquillité et il marcha silencieusement jusqu’à l’église entre son père et sa mère.

Quelque vingt minutes après, ce fut un petit garçon à l’aspect séraphique qui vint se rasseoir à sa place.

Et quand il rentra dans l’appartement, ce fut à peine s’il osa bouger.

Il resta un bon moment devant sa tasse de chocolat sans y toucher.