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l’élève bompel

Le directeur oublia qu’il avait devant lui un jeune élève. Cette réponse lui parut si originale qu’il eut un éclat de gaîté. Il voulut le rattraper, mais il était trop tard. Nil, n’étant pas en classe, jugea qu’il pouvait faire chorus, et du moment que Nil riait, on ne pouvait que le suivre.

Enfin, le sérieux revint et le directeur prit un air sévère.

Nil le regardait et, à son tour, il adopta un masque digne, mais avec un sourire en coin à peine dessiné qui voulait dire : Je sais que vous jouez à la gravité, mais ce n’est que superficiel… un tout petit mouvement, et cette belle façade craquera…

Ce qui arriva. Le directeur posa les yeux sur ce visage juvénile qui prenait l’aspect d’un adulte averti, et il retomba dans un accès de gaîté qu’il ne put maîtriser.

Nil le contemplait sans se départir de son attitude presque réprobative. Il osa :

— Oh ! Monsieur le Directeur, qui, des deux, devrait être à la porte ?

Ce coup direct atteignit le supérieur dans son omnipotence. Son rire se figea et il murmura :

— Vous êtes dangereux, Bompel, parce que désarmant… Dites-moi, est-ce que vous réfléchissez quelquefois ?

— Souvent…

— Alors, comment comptez-vous avancer dans vos études, si vous ne restez pas en classe ?

— Oh ! j’apprends beaucoup de choses, chaque fois que je suis puni… puni pour n’avoir rien fait, insista-t-il… Je vais à l’infirmerie et si je n’apprends pas à bien écrire, je sais au moins ma table de multiplication,