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marthe fiel

je sais rouler des bandes et je sais encore avec quels médicaments on lave les plaies… Les départements, je les connais tous, parce que la bonne infirmière les chante et que j’aime le chant… à votre service, monsieur !… Je ne perds donc pas mon temps, et je suis sûr qu’aucun de mes camarades ne peut en dire autant.

Le directeur ne laissait pas voir son étonnement, pour sauvegarder sa dignité. Il croyait que Nil flânait dans les corridors ou bayait aux corneilles, et il s’avisait que le cerveau actif du jeune élève ne se contentait pas de musarder.

Cependant, cette conduite n’était pas normale. Une discipline était là et il fallait s’y soumettre. Si chaque élève se livrait à sa propre fantaisie, les établissements scolaires ne seraient plus qu’une plaisanterie.

— Mon jeune ami, reprit le directeur, je ne puis que vous féliciter d’occuper aussi intelligemment vos punitions, mais il vaudrait mieux, pour l’exemple, que vous ne disiez rien en classe pour ne pas provoquer la dissipation…

— Je ne dis rien ! Monsieur le Directeur, je ne dis rien ! s’exclama Nil… J’écoute le professeur, les élèves me regardent… et pan !

— Vous n’avez pas ouvert la bouche ?

— Non… il y a un frémissement dans la classe, le contact est mis et, rapide comme l’électricité, le rire jaillit !

— Sapristi ! s’écria le directeur, quel âge avez-vous pour parler ainsi ?

— Huit ans en octobre…

— Vous êtes précoce…