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marthe fiel

« — Mais vous n’avez pas de chemise ?

« — Non.

« — Eh ! bien, mon bon, allez chez le marchand de chemises !… »

Si cette copie démontrait l’esprit ordonné de ce caractère, elle prouvait aussi que l’élève n’avait pas bien écouté et ne s’était pas donné la peine de saisir le sens de l’apologue…

Tous les élèves rirent, comme toujours, et Nil, qui avait de l’amour-propre, en fut vexé.

Il s’entêta dans sa conclusion : cet homme ne possédait pas ce vêtement indispensable.

— Voyons, Bompel, vous n’avez pas compris… je vous ai lu déjà la fable du Savetier et du Financier… Vous avez vu que le Savetier chante parce qu’il n’a pas le souci de cacher son argent, et que le Financier est tourmenté de la crainte de le perdre…

Discuter avec Nil, c’était soulever des discussions à n’en plus finir, et tout à son idée, il riposta :

— Ces deux-là avaient des chemises…

— Ne parlons pas de cela ! interrompit le professeur impatienté. Dans l’histoire qui nous occupe, c’est une image pour indiquer que la pauvreté donne souvent la tranquillité d’esprit…

— On ne peut pas être tranquille, quand on n’a pas de chemise, riposta Nil froidement.

— Puisque je vous répète que c’est au figuré ! Je voudrais vous faire comprendre le sens de ce récit et je suis surpris que vous n’y apportiez pas un peu plus d’intelligence…

— Pourquoi ont-ils parlé de chemise alors ? Ils pouvaient prendre un autre exemple… un chapeau