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l’élève bompel

— Je crois que nous travaillerons bien dans cette pièce fraîche et claire, dit-il en se tournant vers Nil. Celui-ci n’avait pas encore beaucoup parlé. Il examinait ce grand jeune homme sérieux dont les sourcils légèrement froncés accusaient la concentration de la pensée.

Il répondit :

— Je l’espère, monsieur, parce que j’y tiens beaucoup… Je veux sauter une classe et il faudra exécuter ici ce saut assez périlleux pour moi.

Albert Tradal regarda son élève avec curiosité.

L’ami de son père, le directeur du collège, lui avait bien fait entendre qu’il aurait affaire à un jeune raisonneur, mais il se l’imaginait autrement, comme on s’imagine toujours autrement, d’ailleurs, les personnes dont on vous parle. Il comprit qu’il était en face d’un élève déterminé à travailler. Cela lui causa le plus vif plaisir. Il appréhendait d’avoir à lutter avec un jeune cancre. Il était lui-même très travailleur et craignait d’être obligé de traîner son élève au labeur journalier.

Nil n’était pas timide et il dit à son professeur :

— Vous me plaisez… vous avez des yeux de travailleur, et je suis content que vous ne portiez pas de lunettes.

— Enchanté que ma personne vous agrée ! riposta Albert Tradal, amusé… Je vous retourne le compliment !

— Je suis parfois insupportable, parce que j’ai des idées auxquels je tiens.

— On peut savoir lesquelles ?