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aller dire bonjour à votre maman et la féliciter d’avoir une aussi charmante fille.

Léone rit, enchantée.

Marius ne cessait de parler de sa voix claironnante. Il se trouva que Louis Terla était dans son jardinet et qu’il vit les deux jeunes gens devisant en riant.

Son cœur s’arrêta de battre. Un désespoir déferla dans son âme et il désira mourir là afin de ne plus voir ce couple. Il perdait toute notion des choses et il fut surpris d’entendre Léone lui crier familièrement :

— Bonsoir, Louis ! te voilà rentré !

Il n’eut pas le temps de se remettre que déjà Marius s’exclamait :

— Eh ! bé… c’est un voisin et ami ! Salut monsieur Louis ! on vous verra, té ?

— Je n’ai pas beaucoup de temps ! répliqua Louis d’un air sombre.

— Vous avez l’air triste, il ne faut pas, bagasse ! C’est vrai que sans soleil, la pensée n’est pas rose.

Léone était au supplice, parce qu’elle savait de quel mal souffrait Louis. Elle aurait voulu que Marius ne s’accrochât pas au malheureux, mais le bon cœur du méridional ne pouvait voir un visage maussade, sans que le besoin de le faire rire lui vînt.

— Allons, monsieur le voisin, raccommodez-vous avec la vie ! Bonjour à la maman de cette demoiselle. Nous rirons un peu pour vous dérider et je vous demanderai des renseignements sur la mine.

— Vous voulez y entrer ? dit vivement Louis.

— Moi ? Oh ! non, je suis dans les fleurs !

Marius se redressa comme un cyprès.

Toute la curiosité de Louis Terla tomba, et il regarda Marius avec défiance. Certainement ce bavard allait lui prendre sa Léone.

— Vous venez ? répéta Marius.

Il voulut dire non encore une fois, puis désirant se convaincre de son malheur, il sortit de son jardinet pour les suivre. Il saurait ce que valait son rival, car il voyait à la joie répandue sur les traits de Léone, que ce jeune homme lui apportait le soleil qu’elle cherchait.