Page:Fiel - Le Sacrifice et l'Amour, paru dans l'Écho de Paris du 3 février au 7 mars 1934.djvu/143

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— Alors, vous êtes d’avis que je retourne la voir ? Vous aussi, Madame, vous me le conseillez ?

— Absolument… Vous allez rester quelques heures avec nous, et quand vous serez de nouveau le Robert que nous connaissons, vous irez vers votre destin définitif.

Cette ligne de conduite parut détendre complètement l’esprit du jeune homme. Un espoir revivifia son cœur. Il pouvait être admissible que Christiane eût réfléchi, et que devant le désespoir qu’elle provoquait sa volonté eût faibli.

Pendant que Robert Bartale s’épanchait chez ses amis, Mlle  Gendel était hantée par sa douleur.

Les sentiments les plus divers s’agitaient dans son cerveau, et elle ne parvenait pas à y remettre de l’ordre. Cependant, deux idées dominaient et se détachaient sur tous les détails qui encombraient son esprit : le poids de son sacrifice et l’injure jetée à la mémoire de sa mère.

Elle devinait bien que la colère de Robert avait pour cause un violent amour et une affreuse déception, mais au lieu d’en être émue, elle était obsédée par l’atroce pensée d'être considérée comme une femme coquette et sans cœur.

Sans cœur.

Or, toute la vie de Christiane et ses pensées tendaient à marquer qu’elle n’était pas de ce genre.

Sa fierté, sa dignité, la soulevèrent au-dessus de son désespoir.

Maintenant, elle pouvait revoir Robert sans risquer de s’attendrir.