Page:Fiel - Le Sacrifice et l'Amour, paru dans l'Écho de Paris du 3 février au 7 mars 1934.djvu/154

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douleur ne devint une ennemie implacable.

Puis elle désirait revoir Bertranne, apprendre sa joie probable, quitte à en être martyrisée.

Cette attente ne fut pas déçue.

Dans les premiers jours de mai, Bertranne arriva chez Christiane.

Elle était métamorphosée encore une fois. C’est un des nombreux miracles de la beauté de pouvoir transformer une femme selon les sentiments qu’elle vit.

Si l’étudiante perdait cet aspect farouche qui la rendait étrange, elle gagnait l’allure d’une jeune fille heureuse, à l’esprit pétillant, au cœur sensible et au charme manifeste.

Sa chevelure noire jetait des éclairs bleus et son teint, uniforme habituellement, s’irradiait de rose. Les dents riaient dans un visage gai qui, par moments, se nuançait d’attendrissement.

Ce n’était plus la laborieuse qui cloîtrait son cœur et qui formulait des paradoxes ou des théories diverses, c’était une femme tout simplement qui avait besoin de partager son espoir et son bonheur d’aimer avec une amie.

— Christiane jolie, tu vois ce temps ? c’est celui de mon âme. Le soleil y entre à flots. Je ne sens autour de moi que des fleurs et des parfums… Je ne vois que du bleu et du rose… Dieu me pardonne ! je crois aussi qu’un rossignol est enfermé dans mon corps et que son chant ne s’arrête pas… Je fredonne dans les rues ! Je marche sur des plumes ! Je trouve tout le monde