Page:Fiel - Le Sacrifice et l'Amour, paru dans l'Écho de Paris du 3 février au 7 mars 1934.djvu/155

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beau… Qu’un être humain peut donc receler de poésie ! C’est à pleurer de se voir candide à ce point.

— Tu as donc revu M. Robert Bartale ? interrompit Christiane.

— Je l’ai revu… Il s’attache à moi. On dirait même qu’il me recherche ! Nous parlons de tout et même de toi.

— De moi ?… s’écria Christiane avec un battement de cœur.

— Mais oui… Je n’ai aucune raison pour lui cacher que tu es mon amie… Tu l’intéresses…

— Ah !

Christiane s’en voulait de se trouver si heureuse de la tournure que prenait l’entretien, mais l’attrait de parler de celui qu’elle aimait était si grand que les considérations de prudence s’effaçaient.

— Ton caractère l’étonne… Il se demande comment tu peux vivre ainsi, seule… Il m’a insinué que tu n’avais sans doute pas de cœur…

Christiane rougit et Bertranne s’en aperçut. Elle continua en riant :

— Ne t’alarme pas ; je t’ai défendue, mais je n’ai pu lui expliquer pourquoi tu ne voulais pas te marier, car je suppose que l’idée de ta mère-n’existe plus ?… et tu as tellement exagéré ce scrupule que ce serait sot de le formuler.

Christiane secoua, la tête et Bertranne prit ce geste pour le complément de sa pensée.