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qu’elle parfumait au gré des amateurs.

Mme Gendel tenait le coin des cigares et on pouvait prévoir qu’il serait achalandé.

La jeune fille ne pensait pas que Robert Bartale connaîtrait cette manifestation et elle fut décontenancée de le voir surgir devant elle.

Bien que le lieu ne fût guère propice à des déclarations amoureuses, Robert profita d’un moment où Christiane se trouvait seule pour lui répéter qu’il ne varierait pas d’attitude à son égard.

Cette ténacité l’effraya.

Dans un souffle, elle murmura avec autant de dureté que d’appréhension :

— Monsieur, vous l’ignorez peut-être, mais, depuis quelques jours, je n’ai plus de fortune.

Il semblait ne pas comprendre.

— Je suis totalement pauvre, appuya-t-elle.

Elle le regardait pour surprendre l’effet que lui causeraient ces paroles. Elle constata, non sans effroi, que les traits du jeune homme resplendissaient.

Il riposta sans une hésitation :

— Vous m’en voyez heureux, Mademoiselle, parce que je serai enchanté de vous offrir la richesse… Rien ne pouvait me plaire davantage que votre médiocrité.

Christiane se détourna découragée.

Il y avait des hommes désintéressés.

Elle mentit, pour mesurer l’âme de celui qui se tenait anxieux et ravi en face d’elle :

— Ma mère vit en partie d’une