Page:Fiel - Le fils du banquier, 1931.djvu/119

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peut-être… On sent qu’elle a eu beaucoup de chagrin et elle pleure encore facilement… Je ne sais comment elle et Gérard feront pour se rejoindre… Je suppose que le P. Archime pourra les aider… il faudra que j’aille le trouver… Qu’en dis-tu ?

— Cela serait peut-être utile…

— On ne peut laisser cette jeune fille avec cette incertitude, ce serait stupide… Je lui ai dit de belles paroles, mais aucun fait ne les soutient, si ce n’est que Gérard ne l’a pas oubliée… Je pense que, dès qu’il aura une situation qui se dessinera, ils se marieront et vivront en Espagne…

— Ce serait un voyage de noces !…

— Mais parfaitement !… Tiens, moi aussi, j’aimerais bien voyager… Est-ce que tu donneras un petit congé à Plit, papa ?

— Quatre jours au plus… j’ai de la besogne…

— Bon… on ira voir les fortifications et le Jardin d’Acclimatation, riposta Mathilde avec bonne humeur… Je n’ai jamais vu de tigres, à mon âge !…

— Pauvre grande !

— Ne me plains pas !… tout ce qu’on n’a pas vu encore est à voir, et ce sont des plaisirs en perspective.

Un coup de sonnette retentit.

— Ah ! voici les jumelles…

Elle alla ouvrir. Dans le petit vestibule, les voix fraîches retentirent parmi le claquement sonore des baisers. Les jumelles entrèrent pimpantes. Les robes n’étaient pas trop courtes, car Mathilde y veillait, et les visages n’arboraient pas de fard. Un peu de poudre pourtant, pour ne pas avoir la peau trop luisante à côté des compagnes.

— Bonne journée ?… s’enquit Mathilde.

— Excellente !… lancèrent les lèvres rieuses.

— Vite, les mains propres et à table !…

Les petites s’empressèrent et bientôt, sous le lustre familial, le potage se dégusta en silence.