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Le Fils du Banquier


CHAPITRE PREMIER


— Te plairait-il de partir pour New-York dans une quinzaine de jours ?

— Avec enthousiasme, mon père…

Le dîner touchait à sa fin. Les trois convives se composaient de M.  Manaut, le banquier bien connu, de son fils Gérard et du R. P. Archime, un ancien missionnaire, familier de la maison.

Gérard paraissait enchanté par la perspective qui venait de lui être suggérée.

C’était un jeune homme sérieux qui cherchait à oublier le luxe dont l’environnait son père pour s’occuper le plus utilement possible. Il s’intéressait à des œuvres charitables, guidé par le P. Archime. Il était licencié en droit, mais avait renoncé au doctorat, préférant entrer dans les bureaux de la banque. Mais son travail y était assez fantaisiste. Il le délaissait volontiers pour visiter des pauvres, pour une promenade ou une exposition de peinture.

M.  Manaut, qui travaillait beaucoup, poussait son enfant à travailler moins. Veuf, n’ayant que lui, son but était de diversifier son existence et de lui épargner toute peine.

Comme il savait que Gérard aimait les voyages, tous les prétextes lui étaient bons pour l’y engager.

— Mon cher enfant, dit le P. Archime, voici encore une occasion de t’instruire… Tu vas passer la mer et je suis étonné que cela ne te soit pas arrivé plus tôt… Tu rapporteras de là-bas des idées nouvelles, tes vues s’élargiront…

— Oh ! des idées nouvelles, lança joyeusement Gérard, cela me surprendrait… Nous nous sommes américanisés depuis la guerre !… La terre devient petite maintenant…

— C’est vrai… Quand j’étais jeune, un voyage au loin deve-