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Page:Fiel - Le fils du banquier, 1931.djvu/9

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Pendant que le jeune homme s’entretenait avec Mme Laslay, on sonna de nouveau, et, à la file, tous les membres de la famille apparurent, à l’exception du père de famille.

M. Manaut avait parlé de quatre enfants, il y en avait sept…

Gérard voyait entrer tout ce monde avec un intérêt amusé. Chaque fois, c’était une nouvelle présentation avec des exclamations et des rires.

Le jeune homme confondait tous les enfants et ce ne fut que plus tard, à la fin de la soirée, qu’il put poser un nom sur chacun d’eux.

L’aîné était un fils de vingt-quatre ans, Marcel, dont la poignée de main était tout américaine. Denise, une jeune fille de vingt-deux ans, avait des yeux vifs et bruns, un visage gracieux et des gestes simples. Pauline, âgée de vingt ans, regardait gravement ses frères et sœurs sans parler beaucoup. Un beau sourire illuminait ses traits quand elle s’adressait à sa mère.

Un fils de dix-sept ans venait ensuite. Il s’appelait Paul. Dégingandé, il s’amusait à faire des grimaces que le dernier-né, Maurice, âgé de neuf ans, essayait d’imiter. Avant lui, deux filles : celle qui avait reçu Gérard et qui se prénommait Louise, et sa cadette, Berthe, qui allait avoir douze ans.

Ce petit monde était gai et bien portant.

Gérard, qui n’avait jamais été entouré dans la maison paternelle, se trouva d’abord un peu ahuri par cette jeunesse qui ne manquait pas d’exubérance. Chacun parlait, riait, sautait d’un sujet à l’autre, racontant les faits saillants de la journée.

Le petit Maurice avait une voix aiguë qui dominait les autres, et son frère aîné l’obligeait parfois à se taire pour qu’on s’entendît mieux.

Gérard pressentit immédiatement qu’il se plairait dans cet Intérieur où les manières américaines n’excluaient pas les vieilles traditions françaises.

La conversation avait lieu en français.

À leur foyer, les Laslay n’employaient généralement que leur langue maternelle, réservant pour le dehors celle du pays. On attendait le professeur.

La mère et les deux filles aînées s’étaient éclipsées pour vaquer aux préparatifs du dîner, et Gérard resta en compagnie des autres enfants.

Le fils aîné, Marcel, lui apprit qu’il avait une situation chez un industriel s’occupant de la fabrication des automobiles. Il était né à Paris, ainsi que sa sœur Denise, mais il aimait l’Amérique bien qu’il eût accompli son service militaire en France. Il comptait faire sa vie à New-York, pour revenir peut-être plus tard dans son pays natal. Sa parole était nette, ses gestes précis.