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Page:Fiel - Mon erreur, paru dans La Croix du 22 mai au 14 juillet 1949.djvu/107

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oubliés depuis sept à huit ans, ressuscitaient devant moi !

Il me sembla que tout mon sang se figeait subitement pour laisser mes membres rigides et froids.

Robert Darèle, la sincérité et le bonheur !

— J’ai rencontré Léo… Maintenant que je suis nommé à Nîmes, nous allons reprendre notre camaraderie.

Je le regardais sans pouvoir répondre, et mon amie crut devoir expliquer :

— Monique est tout étourdie par la chaleur, et elle se trouve en ce moment en état d’infériorité. Robert s’apitoya :

— Pauvre Mademoiselle…

— Ce n’est rien, murmurai-je en essayant de reprendre mon sang-froid.

Ce n’était pas facile, parce que l’arrivant me contemplait avec un air qui confinait à l’extase. Je notais le sourire doucement moqueur de Mlle Clarseil. Mon malaise était si cruel que, tout à coup, j’éclatais en sanglots.

— Monique !

— Oh ! Monique…

Ce furent deux cris, poussés par mon amie et Robert.

Alors que la première, debout près de moi, entourait mes épaules de son bras, Robert était à genoux, me questionnait avidement :

— Qu’avez-vous, mon Dieu, qu’avez-vous ?

Malgré toute la chaleur de l’accent, je ne pouvais rien révéler. Il me fallait repousser ces deux sympathies avec courage. Expliquer que je devais fuir ce jeune homme pour conclure un mariage odieux n’était pas possible.