Page:Fiel - Mon erreur, paru dans La Croix du 22 mai au 14 juillet 1949.djvu/108

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C’était appeler une suite de calamités sur mon père et sur moi.

J’arrangeai l’incident comme je pus. Je racontai n’importe quel mensonge qui me vint à l’esprit : je venais de voir un chien sous une auto… Mon amie connaissait mon amour pour les bêtes, et ce fut avec des exclamations de pitié que mon récit fut accueilli. Mes pleurs parurent légitimes, et les larmes de Mlle Clarseil accompagnèrent les miennes.

Quant à Robert, il me prit la main et la serra si doucement que j’aurais voulu la lui laisser pour me préserver de tout danger. Il me regardait maintenant avec un sourire si confiant que je frémis à la pensée d’être obligée de décevoir cet espoir.

Mlle Clarseil nous observait d’un air attendri, et il me fallut toute ma volonté pour me soustraire à cette atmosphère. Je dis rapidement :

— Je suis en retard. Ma mère m’attend pour une course.

— Vous venez à peine d’arriver ! s’écria mon amie.

— Oh ! Monique, donnez-nous encore cinq minutes, ajouta Robert d’une voix si suppliante que j’en fus bouleversée.

Quelle violence dus-je exercer sur mon cœur pour m’arracher à cette sympathie si ardente qui m’environnait !

Robert ne put s’empêcher de me dire :

— Vous savez par notre amie combien je souhaite d’entrer dans votre famille, ô chère Monique !

Et moi qui venait de promettre ma main !

Je devins très rouge, suffoquant de malaise et de douleur.