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Page:Fiel - Mon erreur, paru dans La Croix du 22 mai au 14 juillet 1949.djvu/179

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— Quelle dureté ! laissa-t-il passer entre ses dents, et moi qui fondais tant d’espoir sur cette réunion ! Qu’ai-je commis ? Pourquoi m’infligez-vous une telle douleur ?

J’étais de glace. Aucun geste, aucune parole ne m’étaient possibles, parce que j’avais une peur folle d’éclater en sanglots dès le moindre mouvement.

Robert s’éloigna de moi en une démarche saccadée, et je me sentis peu à peu renaître à la réalité. En un effort pénible, je me levai pour aller complimenter Berthe, qui cessait de chanter.


VII


Les impressions de mes parents et de mes frères ressemblèrent à un feu d’artifice. Il y en avait de toutes les couleurs et de toutes les formes ; mon frère Léo, étant naturellement le plus comblé, ne tarissait pas sur le charme de sa chère Berthe. L’amour le rendait prolixe.

Maman me disait :

— Il me semble que Robert te regardait avec une grande sympathie. Que penses-tu de lui ?

— Que veux-tu que je te réponde, maman ? Une jeune fille est attirée par celui qu’elle aime et qui la demande en mariage.

— La demande de Robert ne tardera pas ! J’ai l’intuition de ces choses, et ses yeux étaient bien expressifs.

J’écoutais avec une apparente tranquillité.

— Ce qui me confond, reprit maman, c’est ton indifférence, Monique. Il y a peu de temps