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Page:Fiel - Mon erreur, paru dans La Croix du 22 mai au 14 juillet 1949.djvu/263

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M. Durand écoutait avec un air de plus en plus satisfait.

— Ah ! je suis content, dit-il, de ce que mes paroles soient confirmées par les vôtres.

— Quel soulagement pour moi de voir le projet de Jean Gouve anéanti ! m’écriai-je avec une joie délirante.

Durand me regarda en souriant et poursuivit :

— Vous avez eu ainsi les preuves de la manière de procéder, coutumière à ce triste monde… Mlle Monique a agi comme une enfant affolée qui aime bien son papa, et personne ne pourrait lui en vouloir, mais combien elle aurait été malheureuse plus tard ! Avec des gens de cette espèce, rien ne compte… Le cœur, la délicatesse sont des bagages superflus.

— Et nous en avons eu la preuve par l’accident de ce soir ! prononça Léo. Quand un homme ne s’arrête pas près d’un enfant qu’il a blessé, c’est manquer au devoir le plus élémentaire d’humanité.

— C’est sûr, appuya Durand. Le neveu, pourtant, je le connais peu. Il avait une dizaine d’années quand nous avons quitté Uzès, mais il passait pour un garnement difficile à tenir et assez cruel. C’est lui qui noyait les chats du quartier où il habitait… Quant aux casseroles attachées à la queue des chiens, aux oiseaux abattus, à la chasse des malheureux animaux qu’il traquait à les rendre enragés, cela ne se comptait pas.