Page:Fiel - Mon erreur, paru dans La Croix du 22 mai au 14 juillet 1949.djvu/30

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— Quel enfantillage ! Calmez-vous, et cherchons ce que nous venons voir.

Je n’avais plus le carreau libre. La présence proche de cet homme me causait un malaise. Cependant, j’aidai Mlle Clarseil à reconnaître sa médaille. Elle me semblait bien authentique et elle se promit de la faire expertiser.

Nous ne nous attardâmes pas. Dehors, je respirai à l’aise. Nous arpentions le boulevard Victor-Hugo d’un bon pas, quand ma grande amie me dit :

— Vous avez repris votre entrain et vous avez des ailes. Je suis tout essoufflée. Entrons un peu dans l’église Saint-Paul, nous y ferons une prière.

Quand nous en sortîmes, elle en fit le tour, me répétant pour la vingtième fois que Questel était un grand homme, que Flandrin était incomparable dans ses fresques, comme Maréchal dans ses vitraux.

Je ne l’entendais pas, dans ma frayeur de revoir devant moi l’indésirable suiveur.

Elle me devinait et riait en disant :

— Vous êtes extraordinaire ! Il y a des jeunes filles qui seraient ravies d’avoir fait une conquête, mais vous voici toute malheureuse…

— Je ne veux pas me marier.

— C’est entendu, mais vous ne pouvez pas empêcher que l’on vous remarque.

Nous reprîmes notre route silencieusement, puis Mlle Clarseil reprit :

— Pourquoi ne voulez-vous pas vous marier ?

Je lui répliquai que le mariage me paraissait un dur esclavage et que je ne tenais pas, par la suite, à être brimée par mes enfants.