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Page:Fiel - Mon erreur, paru dans La Croix du 22 mai au 14 juillet 1949.djvu/84

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Nous étions tous dans le salon, sauf Léo, qui était allé chercher sa fiancée.

Enfin, le timbre de l’entrée résonna, et, quelques secondes après, mon frère fit passer devant lui une jeune fille grande et svelte, dont la distinction nous frappa. Elle s’avança sans hardiesse, mais avec une aisance indéniable. Elle salua maman et la regarda d’un air si franc et si réservé en même temps que notre mère fut conquise.

Une voix mélodieuse articula :

— Je vous remercie pour votre bon accueil. Madame, et je ferai tout mon possible pour que vous ne le regrettiez jamais.

Son regard fut si éloquent et si tendre que maman ne résista plus. Elle serra sa future belle-fille contre son cœur et murmura, avec une émotion qu’elle ne cherchait pas à dissimuler :

— Ma chère enfant, soyez la bienvenue parmi nous.

Les beaux yeux bruns s’humectèrent de larmes, la jolie bouche eut une moue un peu tremblante, mais comme le bonheur était tout de même le plus puissant, un sourire irrésistible se joua sur les lèvres.

J’étais sous le charme et Léo était radieux. Berthe Durand accueillit nos souhaits avec une aisance si courtoise et si digne qu’on l’eût cru élevée par le chef du protocole.

La conversation devint vite amicale, et nous lui parlâmes de son chant. Elle se montra d’une modestie exquise. Elle avoua ignorer qu’elle possédait une voix aussi belle et elle était heureuse de cultiver cet art. Elle nous assura qu’elle y prenait une satisfaction