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prudence rocaleux

du liquide dans le corps, sans quoi on prendrait feu.

— Vous avez bien raison, approuva Julie.

Après un silence, Prudence choqua son verre contre celui de sa visiteuse en disant :

— À la vôtre.

Puis, après avoir reposé son verre, elle murmura :

— C’est beau d’aimer son père comme vot’ jeune monsieur ! Promettre 100 000 francs à celui qui trouvera l’assassin, c’est généreux !

— Y a pas mieux…

— Dites donc, Mamzelle Julie, vous avez dû avoir une fameuse peur ce jour-là ! Vous n’avez donc rien entendu ? Pas un bruit ? ni le coup de pistolet ?

— Rien de rien ! Je couche au quatrième. J’ai bien dit à Monsieur que je pourrais rester au premier, mais, se portant bien, il m’a assuré qu’il n’avait besoin de personne.

— Tuer un homme qui se porte bien ! faut pas avoir de cœur. Ce n’est pas un service à rendre ! S’il avait au moins été impotent ou méchant ; mais un homme qui était bon et pas malade ! C’est honteux de s’y attaquer.

— Je pense comme vous. Le valet de chambre était avec Monsieur à la campagne.

— Ah ! il y a un valet de chambre ? Tiens, tiens…

— Oh ! c’est pas lui qui a fait le coup, il aimait Monsieur. Sa femme est là aussi qui s’occupe du linge, de l’intérieur. Nous sommes donc trois, et ce jour-là, j’étais seule.

— C’est de la malchance !

— Oui, je n’aurais pas dû écouter Monsieur, rester non loin. Mais si on savait tout…

— Vous avez raison, on s’épargnerait des soucis. Vous partez ?

— Oui, faut pas que je m’attarde.

— Je suis contente de vous connaître. Je