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prudence rocaleux

n’avais pas d’amie dans la ville. On se reverra ?

— Avec plaisir, le dimanche, on pourra se promener.

— C’est ça, vous me ferez voir le pays.

— Entendu, à vous revoir, Mâme Prudence, et merci…

— De rien ! À revoir, Mamzelle Julie.

La porte refermée sur la visiteuse, Prudence monologua :

— Je ne suis pas si sûre que ça que le valet de chambre n’ait pas fait le coup. Il s’en va soi-disant avec le jeune monsieur, mais il a pu revenir plus tôt. Y faut tout voir, Monsieur ne l’a pas surveillé la nuit. Je sais qu’il faut chercher l’intérêt qu’a eu un assassin, et celui-là c’était pour l’argent. Ah ! ma fille, tu es maligne, tu attrapes la bonne route, le carrefour est passé… Mes 100 000 francs sont dans ma poche !

Mme Dilaret entendit la porte s’ouvrir, et Prudence s’encadra dans le chambranle.

— Madame ?

— Qu’y a-t-il, Prudence ?

— Je sais qui a tué…

— Ah ! qui est-ce ?

— Le valet de chambre…

— Il est arrêté ?

— Il va l’être…

— C’est terrible, fiez-vous donc aux domestiques !

— Que Madame n’oublie pas à qui elle parle…

Mme Dilaret se mordit les lèvres. Elle oubliait totalement, en effet, qui était devant elle, et la remarque de Prudence lui parut si juste qu’elle fut gênée.

— Comment avez-vous appris que c’était cet homme ? Par un journal du soir ?

— Non, je l’ai deviné.