vant les regards horrifiés de sa patronne, elle fit sauter les cheveux en criant :
— C’est-y du blond ça ? Je vois que Madame a compris, parce qu’elle écarquille des yeux et une bouche qui ressemblent à trois boules.
— Malheureuse ! put enfin proférer Mme Dilaret ; je me moque de votre blond. Ce que je constate, c’est que ces cheveux tombent dans le café ! C’est d’une malpropreté repoussante ! Jetez ce café !
Prudence, les poings sur les hanches, contemplait sa maîtresse :
— Eh ben ! Madame peut se vanter de s’en faire pour peu de chose. D’abord, la tête de cet homme doit être propre : aller chez le coiffeur est le mal du siècle. Y peut être assassin, mais je suis sûre qu’il est propre. J’ suis juste, moi ! Je ne retire pas les qualités à un homme, sous prétexte qu’il a tué un de ses semblables. Donc, ce café ne sera pas sali, parce que j’ai ses cheveux là dedans, et enveloppés de papier encore !
— Ce papier est sale ! Vous l’avez tenu dans vos doigts, dans votre poche…
— Tous les endroits où il a été sont propres, même mes doigts. Et vot’ café, avec quoi que je le prends, quand je le sors de la boîte.
— Avec une cuillère, je présume ?
Prudence fut tellement ahurie par cette suggestion, qu’elle resta bouche bée durant quelques instants.
— Une cuillère, une cuillère, marmotta-t-elle, je n’y ai jamais pensé.
— Comment ! Vous plongez la main dans la boîte ?
— Dame !
— Je ne vous félicite pas ! gémit Mme Dilaret. En premier lieu, ce n’est pas appétis-