Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/273

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
269
SUR LE SOL D’ALSACE

naire, plus d’une fois, l’avait secondée pour faire obéir Robert.

Fritz chercha la marque, et croyant l’avoir trouvée, sourit, heureux…

Tous ces souvenirs étaient les siens… il vivait par eux… Alors que son père n’avait parlé que de victoire, d’Alsace vaincue et de répression, son cœur à lui, remontait la filière des riens familiers et ténus qui forment la trame épaisse des générations.

Ah ! si son grand-père Denner pouvait le voir arpenter ce jardin…

Le but idéal de son projet était accompli. Le plus délicat de son entreprise restait à faire.

Convaincu de la beauté de son acte, il allait, rassuré par la phrase magique qui tintait en lui ; toutes les portes s’ouvriraient devant ce désir si cher : je veux être français… Mais l’approche de l’action le rendait moins confiant, pourtant il ne pouvait reculer…

Il s’en fut donc dans la rue des Bégonias où habitait la famille Daroy. Il se les représentait tous trois : le père, grand, brun, commandant d’artillerie ; la mère, une blonde aimant profon-