naturel inhérent à sa patrie ; celui qui crée les âmes vibrantes, nombreuses dans ce pays glorieux, celui qui se forme par la nécessité de lutter et par la présence continue du danger. Des siècles d’ancêtres le lui avaient légué, parcelle par parcelle.
Wilhelm, bouleversé, se taisait.
Louise reprit avec âpreté :
— Tu ne t’imagines pas ma joie, quand j’ai su que Fritz était en France… Il voyait au moins ce que je n’ai jamais pu voir… ce que ton père ne m’a jamais permis de voir… Tu me croyais heureuse, Allemande, au milieu de mon cercle allemand ? ah ! ah !… tu as cru que ton père étoufferait la vieille âme qui sommeille en moi… non… elle s’est réveillée… plus forte que jamais… puisqu’elle s’est insufflée dans le cœur de mon fils… à mon insu…
Elle s’était levée ; ses yeux pleins de fièvre semblaient brûler dans sa figure blafarde ; les pupilles s’élargissaient dans les prunelles.
Wilhelm s’effraya :
— Le chagrin t’égare, maman… Ne crains rien… Fritz reviendra ce soir…