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Mme Lassonat ne manquait jamais de s’écrier quand elle les avait vus : Mon Dieu ! que ces enfants sont laids ! c’est accablant pour une mère d’avoir deux semblables phénomènes.

Et comme Mme Lassonat pensait que pareil malheur eût pu lui arriver, elle disait à Bob et à Suzette, en toute humilité.

— Vous n’êtes pas mieux qu’eux.

Bob n’en prenait nul souci, mais Suzette se regardait dans son miroir et trouvait son visage agréable quand elle le comparait à celui de Marie.

Mais maintenant qu’elle évoluait, elle trouva qu’il y avait des contradictions dans ces paroles jetées avec insouciance.

Un jour, elle entendit sa maman dire à Mme Brabane :

— Mais non, chère amie, vos enfants ne sont pas si laids… Ne vous inquiétez pas… leurs traits se formeront à un moment donné.

Sitôt que Mme Brabane fut partie, Suzette dit à sa mère, avec un reproche dans la voix.

— Je ne puis comprendre ces mensonges. Mme Brabane va penser : « Mme Lassonat a du goût, elle voit juste d’habitude, donc mes enfants ne sont pas aussi mal que je me l’imagine. » Tu vois, maman, le mauvais service que tu lui rends… elle sera pleine de vanité, et tout le monde se moquera d’elle.

— Suzette, tais-toi… tu me fatigues. Ce que disent les grandes personnes ne te regar-