Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/108

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histoire fameuse ! Luc a oublié de me donner son adresse, et je ne puis réunir ces deux amoureux-là !

— Oh ! s’exclama Annette.

Il est parti comme une huluberlu, et moi comme une tête de linotte, je l’ai laissé s’envoler, et nous en sommes là, Sylviane va se morfondre, et je n’ai pas osé lui dire ce qu’il en était.

— C’est fou, comme situation.

— C’est bien humain. Les malheureux s’agitent au lieu d’attendre tranquillement leur sort. Luc était dévoré de l’épouvante de savoir Sylviane liée à jamais, il a préféré fuir, et je l’y ai poussé !

— Il n’a pas été brave.

— Et il a été à la chasse au tigre !

— C’est bien complexe comme psychologie.

— Ne m’en parlez pas. Où écrire ?

— Où habite-t-il d’ordinaire à Paris ?

— À l’hôtel, mais lequel ? Je suis tout anéantie.

— Que faire, que faire ?

— Attendre !

— Encore ? Et s’il tombe malade de désespoir ?

— C’est ce qui pourrait arriver de mieux, parce que les gens malades vous appellent toujours.


VII


Sylviane songeait à son bonheur et à celui qu’aurait Luc en apprenant sa décision.

Par moments, cependant, une grande angoisse la traversait en songeant qu’il était reparti et qu’il pouvait s’être trop éloigné, mais le fond de sa pensée restait riant, et ses parents et elle formaient les plus agréables projets.

Madame Foubry ne se sentait pas de joie devant le bonheur futur de sa fille. Quant au colonel, il restait calme, sachant que la justice vient tôt ou tard réparer ses torts apparents.

Cependant Sylviane n’osait plus trop aller voir Roger de Blave depuis qu’elle avait su que le bruit de leurs fiançailles courait. Pourtant, elle voulait le remercier de la demande faite au nom de son cousin. Il lui semblait qu’un mot