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trop belle

Un jeune homme d’une trentaine d’années s’avança vivement :

— Ma tante… j’arrive de Bombay… et ma première visite est pour vous…

Plein d’aisance, le nouvel arrivé se tourna vers Mademoiselle Foubry qu’il salua en lui jetant un regard rapide.

Il n’eut pas l’air surpris de sa beauté, mais il resta un moment incliné, comme recueilli.

Quand il releva la tête, Madame Bullot dit :

— Mais il faut que je te présente… l’ébahissement de te voir là me rend étourdie…

Elle désigna le jeune homme à Sylviane et prononça :

— Mon neveu Luc Saint-Wiff… mademoiselle Sylviane Foubry…

La jeune fille n’avait jamais entendu parler de ce neveu et elle était toute stupéfaite de ce parent qui naissait à l’improviste.

Elle croyait Madame Bullot nantie seulement de cousins éloignés.

Elle avait raison. Ce neveu n’appartenait pas à la famille de sa vieille amie et il l’appelait « ma tante » par affection, l’ayant toujours connue, aussi loin qu’il pouvait se souvenir.

Il était orphelin depuis de longues années et tenait grandement à ce lien qui le tenait au passé des siens.

Luc Saint-Wiff voyageait extrêmement et il accourait à Paris entre deux bateaux.

Il était très riche et relatait ses voyages, mais n’avait fait paraître aucun de ses récits.

Madame Bullot le voyait si peu qu’elle l’oubliait souvent, parce qu’il n’écrivait jamais. Il y avait près de quatre ans qu’il était invisible et sa surprise était extrême de le trouver soudain devant ses yeux.

— Tu es un vrai revenant…

— Comme vous le dites si bien… j’ai le mérite de revenir.

— Ce n’est guère poli de te demander quand tu comptes repartir, mais c’est tellement ta manière.