Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/124

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Elle se réjouissait grandement du succès de Sylviane et estimait qu’elle le méritait.

Elle pensait que son neveu ne pouvait qu’être flatté de retrouver une Sylviane pleine de talent, au lieu d’une mondaine traînant son ennui en montrant sa beauté !

Non sans impatience, elle attendait ou une lettre ou l’arrivée de Luc. Elle riait de la joie qu’il montrerait et ses heures de sommeil se troublaient :

« Pourrait-on croire qu’à mon âge… je m’emballe à ce point !… Je n’ai jamais été aussi peu calme… si mon pauvre mari vivait encore… il serait content lui qui me trouvait apathique et me disait : Allons un peu de vivacité… tu dors debout !… »

Madame Bullot regretta beaucoup de n’avoir pas de lettre le matin du 30 Octobre. Elle s’était fixé cette date et elle en eut de l’ennui.

Elle déjeuna cependant avec appétit et se prépara pour se rendre à la salle indiquée. Elle devait y être vers quatre heures.

En attendant le moment de partir, elle se reposa dans son petit salon, en murmurant : Sylviane doit être dans tous ses états… je suppose qu’elle n’a aucune appréhension… Ses parents sont bien émus… moi aussi… c’est dommage que Luc ne soit pas là.

Mais la porte de la pièce s’ouvrit et Luc fut devant elle :

— Ah ! par exemple… tu ne préviens guère !…

— Prévenir !… je n’ai pas eu le temps ! Bonjour… ma chère tante… vous vous portez bien ?… Comme vous êtes belle !… où allez-vous ?

— Au concert… mon neveu…

— Je ne vous savais pas mélomane… Mais ma tante… expliquez-moi bien votre lettre…

— Quelle heure est-il ?

— Quelle ferveur !… il est trois heures et demie.

— Je serai en retard…

— Tant pis ! parlez-moi de Sylviane…

— Tu sais tout…

— Répétez-moi encore ces choses magnifiques…