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trop belle

— À peu près…

— Eh ! bien… pars… va acheter ton chien…

— Oui… ma tante…

Les deux interlocuteurs rirent et après un moment de conversation où furent agités divers autres sujets, ils se séparèrent, amis comme toujours, et se disant : au revoir…

Cet au revoir était toujours obscur.

Luc partait parfois pour un mois et restait absent une année, il s’en allait souvent pour une année et revenait au bout de quinze jours.

Après son départ, Madame Bullot songea durant quelques minutes, puis elle secoua la tête en murmurant : C’est dommage… ils me semblaient faits l’un pour l’autre… comment n’y avais-je pas pensé, mais je vois si peu ce Luc fantaisiste…

Le lendemain matin, Madame Bullot prit comme de coutume, son courrier des mains de la femme de chambre et son attention fut tout de suite attirée par une enveloppe à l’écriture ferme.

Elle l’ouvrit, intriguée, et à mesure qu’elle lisait, la joie courait sur son visage, et des interjections étouffées fusaient de ses lèvres.

Elle replia la lettre avec soin, la plaça dans un coffret et médita :

Ses deux bras s’appuyèrent sur son fauteuil et quand elle les en détacha, elle essaya de faire bouger ses doigts, mais ils semblaient de plomb.

Elle sourit et appela sa femme de chambre :

— Zoé !… que m’arrive-t-il ?… je ne puis mouvoir mes mains… et j’y vois avec peine…

— Madame est sans doute un peu engourdie…

— C’est possible…

— Dois-je téléphoner au docteur ?

— Attendez encore un peu… cela se passera sans doute…

— Comme Madame voudra…

Zoé sortit et dit à la cuisinière :

— Madame va sur la paralysie…

Les deux femmes s’apitoyèrent et vaquèrent à leurs besognes avec des soupirs.