Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/157

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— J’en suis touchée… chère tante… murmura Sylviane.

— Ah ! si on avait un peu plus de philosophie… comme l’humanité s’agiterait moins… Tout vient à son heure… il s’agit seulement d’avoir confiance en Dieu… Votre travail a été récompensé… et par lui aussi vous avez pu créer des heureux… car j’ai appris votre renoncement en faveur de braves gens… et je vous en félicite avec une émotion sincère…

— Je suis trop complimentée pour une action à laquelle j’ai été presque forcée… interrompit Sylviane… Elle m’a semblé nécessaire pour dédommager Luc…

— Vous avez fait ainsi plusieurs heureux !… Savez-vous que j’ai revu Roger de Blave ?… Il va rentrer à la Trappe incessamment.

— C’était bien le moment qu’il avait fixé…

— Il vivait déjà comme un saint… Je vais vous avouer une chose : sa demande en mariage vous concernant n’était qu’un jeu… pour contenter votre fierté en face de Luc et de votre conscience. Il vous avait devinée… et ce subterfuge a porté ses fruits…

— Mais si j’avais accepté Jean de Blave ?… s’écria Sylviane.

— Il vous aurait épousée… bien heureux, voilà tout… Mais Roger voyait clair… Il a voulu prouver à Luc que vous ne teniez nullement à la fortune et que vous pouviez vous marier plus avantageusement… L’idée était splendide…

— Comme je l’en remercie ! murmura Sylviane.

— Il vous a protégée et continue à prier pour vous… J’ai reçu un mot charmant des deux rivaux : Oreste et Pylade comme les appelle Annette. Ils sont à Paris… retour de voyage nuptial et voudraient me présenter leurs femmes… Je m’imagine aussi qu’ils sont là pour assister à votre messe de mariage…

— Je les reverrai avec plaisir… dit Sylviane amusée… ils étaient bien originaux… mais ils se sont montrés bien perspicaces… C’est grâce à eux,