Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/32

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— Ne plaisante pas !… mon idée… c’est que je t’accompagne à Vichy pour mon estomac…

— Ça… c’est d’un frère…

Les deux amis étaient enchantés l’un de l’autre… Ils restèrent deux jours ensemble à la campagne, le temps pour Louis Dormont de s’entendre avec son régisseur, et par un beau matin ensoleillé, ils partirent pour Vichy.

Ils n’y étaient pas depuis vingt-quatre heures, qu’ils tombaient tous deux en extase devant Sylviane Foubry.

La jeune fille avec son air mélancolique, paraissait une princesse inaccessible que sa beauté splendide rendait plus lointaine encore.

Elle aurait voulu se calfeutrer dans sa chambre d’hôtel, mais ce n’était guère possible. Elle ne pouvait s’isoler et ne pas vivre l’existence de tout le monde. Bon gré, mal gré, il fallait suivre le courant. Depuis la scène survenue chez Madame Bullot, la pauvre Sylviane avait passé par les sensations les plus extraordinaires.

Elle ne pouvait, âme sans détours, comprendre pourquoi Luc avait ainsi agit avec elle.

Il eût été si simple de lui dire qu’il l’aimait sans jouer cette comédie stupide qui lui dévoilait encore un côté de l’humanité qu’elle ne connaissait pas. La circonstance était d’autant plus malheureuse que Sylviane ne pouvant s’empêcher de penser à la conduite de Luc, s’éprenait inconsciemment de cet amoureux sans confiance spontanée, et lui en voulait de n’avoir pas su conserver intactes les qualités découvertes en lui.

Sa faible revanche était de l’avoir démasqué, mais combien sa déception et ses regrets la lancinaient.

Il lui semblait que son cœur se durcissait et son sourire augmentait de dédain. Son regard portait haut et elle semblait regarder par-dessus la foule… Attitude qui était infiniment belle pour une statue mais qui éloignait d’elle, les martels simples qui ne la comprenaient pas.

Qui eût deviné sous ces dehors, un cœur