Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/40

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vieille dame seule, avait peine à prendre sur elle, de garder l’air détaché et mondain, alors qu’elle était arrivée frémissante de curiosité.

Enfin, Annette Logral s’en alla.

Dès qu’elle fut partie, Madame Bullot dit :

— Vous vous demandez comment il se fait que je ne vous aie jamais parlé de cette jeunesse ? Je ne la connaissais pas, mais sa grand’mère qui est une de mes amies, l’a chargée de me cueillir au saut du train. Cette enfant était au couvent et va vivre avec sa grand’mère à Paris. Elle me comble de soins, de sorte, que la chère et encombrante petite me sert de mère.

Sylviane sourit, amusée.

— Vous savez que je n’aime pas beaucoup les tutelles, et j’avais déjà un bâton de vieillesse pour venir ici, maintenant j’en aurai deux, sans vous compter ! Comment pourrai-je me dérober !

— Quel est donc le second ?

— Luc Saint-Wiff.

— Quoi ! il est ici ! s’écria Sylviane en se dressant précipitamment.

— Ne vous sauvez pas, mignonne, il ne s’est pas changé en ogre depuis que vous l’avez vu.

Malgré l’indifférence que la jeune fille voulait opposer à cette nouvelle, son attitude se transformait et trahissait son agitation.

La vieille dame ne pouvait deviner si c’était de la joie ou de l’ennui, mais elle remarquait combien Sylviane était émue.

— Oui, reprit-elle, Luc m’a accompagnée. Vous allez donc le revoir, ajouta-t-elle plus bas. Sans aucun doute il vous fera de nouveau des excuses pour sa conduite.

— Elle a été impardonnable, interrompit Sylviane.

— On pardonne des choses plus graves, prononça Madame Bullot doucement.

— Je ne puis concevoir que l’on manque de confiance envers une personne pour qui l’on a un penchant, murmura la jeune fille. Si j’avais eu un mot ou un geste malencontreux, Monsieur